mardi, mars 21, 2006

Maroc-USA : l’accord de libre-échange, un ensemble d’opportunités

Une cinquantaine d’hommes d’affaires marocains installés aux Etats-Unis sont venus participer deux jours durant au Technopark de Casablanca à des rencontres organisées par la Moroccan American Circle (MAC) et l’Association of Moroccan Professionals in America (AMPA).

PHOTO: Mouslime Kabbaj, président de la "Moroccan American Circle".

Une cinquantaine d’hommes d’affaires marocains installés aux Etats-Unis sont venus participer deux jours durant au Technopark de Casablanca à des rencontres organisées par la Moroccan American Circle (MAC) et l’Association of Moroccan Professionals in America (AMPA). Entretien avec Mouslime Kabbaj, président de la MAC.

Menara : Vous avez organisé deux jours de rencontre avec nos compatriotes investisseurs aux Etats-Unis. Quels sont les objectifs de ce colloque ?
Slim Kabbaj : Cette rencontre avait pour objectif de mettre en relation les entrepreneurs marocains, qui se reconnaissent comme étant des entrepreneurs à succès. Ils ont des entreprises qui ont réussies avec un chiffre d’affaires significatif. Ils ont créé l’AMPA, l’association des professionnels marocains aux Etats-Unis. Ils ont organisé ces deux jours de rencontre avec nous sur le thème : « Le pouvoir du partenariat : les ponts maroco-américains ».
Il s’agit d’une rencontre entre hommes d’affaires et entrepreneurs sur des thèmes précis. Nous avons voulu être d’abord précis avant d’être généraliste. Nous avons abordé les domaines de la banque et de la finance, la biotechnologie et la médecine, les nouvelles technologies et les télécommunications. Nous avons également une table ronde sur les opportunités de l’accord de libre-échange.

A travers ces thèmes, nous avons voulu faire connecter des gens dans ces secteurs spécialisés qui veulent faire du business. Nous avons souhaité bien évidemment que ces gens signent des contrats, aillent jusqu’au bout de ces rencontres, mais pour un certain nombre d’entre eux, les contacts ont été établis et on verra bien ce que cela va donner. Parmi les intervenants, nous avons réuni les grands leaders dans chaque secteur. Nous avons ainsi un débat sur la biotechnologie auquel participe M. Farid Bennis, le patron de Lapropha, numéro 1 au Maroc dans le domaine du laboratoire. Dans le domaine de la banque, Ittijari Wafabank et le Fonds Sindibad étaient représentés.

Menara : Comment expliquez-vous cette Success story des entrepreneurs marocains aux Etats-Unis ?
Slim Kabbaj : Les Marocains vont aux Etats-Unis depuis longtemps. Mais, depuis une quinzaine d’années, beaucoup de jeunes marocains y sont allés étudier. Ils y sont restés ! Ce sont des jeunes dynamiques, pro actifs et qui ont le tempérament du business à l’américaine ! Contrairement peut être aux Marocains qui y sont allés dans les années 70 et qui avaient étudié en Europe et qui étaient plus dans la philosophie, l’idéologie et le social.

Les Marocains actuellement installés aux Etats-Unis ont la fibre entrepreunariale et recherchent le succès. D’ailleurs, lorsqu’on les entend parler, c’est chiffre d’affaires à l’appui, c’est contrat de combien de millions de dollars…c’est très concret ! C’est très pragmatique ! Il y a donc le bon côté des choses : ces gens là sont pragmatiques et cherchent à faire du business.
D’un autre côté, pour un pays en développement, cela peut apparaître trop agressif. Une association comme la notre a donc tendance à faire le pont mais aussi le tampon, l’amortisseur, pour que les choses se passent bien ! (Rires)

Menara : Si demain, un investisseur marocain est tenté par le marché américain, quels conseils vous lui donneriez ?
Slim Kabbaj : Vous faîtes bien de spécifier la direction Maroc Etats-Unis car l’accord de libre échange institue un accord juridique dans les deux sens. S’il y a un conseil à donner dans les deux sens, c’est tout d’abord de connaître très rapidement les cultures. Nous n’avons pas nécessairement les mêmes cultures de business, les mêmes objectifs, ni la même rapidité avec laquelle on veut gagner de l’argent.
Ces jeunes générations de Marocains installés aux Etats-Unis sont plus proches de la mentalité américaine, mais au Maroc il y en a beaucoup qui en sont loin ! Il y a donc une certaine crainte, une appréhension, notamment des Marocains ici de dire : « le marché américain est trop gros ! Les chiffres dont nous parlons sont énormes et nous allons être avalés ».

En fait, nous allons être avalés si nous ne faisons rien ! Les accords de l’OMC, l’Organisation Mondiale du Commerce, libèrent déjà un certain nombre de produits et d’obstacles douaniers. Nous allons allés vers de plus en plus d’ouvertures et de besoins de compétitivité. L’accord de libre échange est plus un ensemble d’opportunités qu’il faut saisir.
En connaissant les cultures, en montant des partenariats avec des gens qui sont sur place, des Marocains, cela peut aider.

Ensuite, il faut connaître les besoins là bas. La meilleure façon de le faire, c’est de se mettre dans les niches. Il faut trouver des niches sur des produits qui nous intéressent nous, en tant que Marocains, là où nous sommes très compétitifs, soit parce que nous sommes les seuls, soit parce que nous avons une grande valeur ajoutée. Je pense, par exemple, à l’huile d’Argan, l’huile d’olives. Aujourd’hui, ces jeunes Marocains établis aux Etats-Unis ont les dents longues. Ils savent survivre dans la jungle et il faut les soutenir !

Karim Dronet