lundi, juin 11, 2007

Microfinance: Comment développer l’expertise juridique

Microfinance: Comment développer l’expertise juridique

· Une formation au profit de 30 professionnels maghrébins

L’EXPÉRIENCE du microcrédit et de la microfinance d’une manière générale, dans le monde, a confirmé son efficacité dans la lutte contre la pauvreté. Plus 60 millions de personnes ont bénéficié de ce système durant les dernières décennies à travers des associations dédiées à cette activité. Par ce travail, ces dernières ont démontré aux systèmes financiers traditionnels que les pauvres peuvent devenir de bons clients et que le secteur peut être une affaire rentable. Pour accompagner ces associations, notamment sur le plan juridique, l’Organisation internationale du droit du développement (OIDD) a initié, à partir de 2006, un programme de formation dans ce domaine visant toutes les régions du monde. Ainsi, le Maroc a abrité dernièrement un premier séminaire destiné aux pays arabes de la zone du Maghreb. La manifestation, organisée avec le partenariat du ministère des Finances et de la Privatisation, a regroupé 30 professionnels opérant dans des structures concernées par cette activité comme des banques, les ministères et les institutions de microcrédit en Algérie, au Maroc, en Mauritanie et en Tunisie. Trois thèmes ont été au programme de ce séminaire de deux semaines. Le premier vise les aspects juridiques, réglementaires et transactionnels de la microfinance. Le statut juridique et financier des institutions du secteur a fait l’objet du deuxième sujet. Quant au dernier volet, il a été consacré à la problématique de la facilitation de l’accès au crédit et de la garantie d’une réglementation adéquate. Par ce cycle de formation, les organisateurs cherchent en premier lieu de renforcer le bon fonctionnement des établissements de microcrédit. «Sans quoi, seulement 10% des institutions de microfinance existantes parviendront à se pérenniser», indique un expert. Cette initiative a pour objectif également de permettre aux institutions d’accompagner les mutations rapides que connaît la microfinance. A ce titre, Ria Rodriguez, chargée de ce programme, rappelle qu’à côté du microcrédit, il y a d’autres produits qui font partie de la microfinance et que les banques et les assurances ne sont pas en mesure d’offrir. Notamment dans le milieu rural. Il s’agit du crédit, de l’épargne, de l’assurance et du transfert d’argent. Donc l’entrée de nouveaux acteurs dans le secteurs du microcrédit et l’élargissement de la gamme de produits, exigent la conception de nouveaux instruments juridiques. Face à cette évolution du secteur, les pays du Maghreb cherchent un cadre juridique approprié pour leur permettre d’assurer la poursuite de développement de ce créneau à caractère social. Pour relever ce défi, l’implication des juristes est indispensable pour la promotion de l’industrie de la microfinance. Ils sont donc appelés à fournir des conseils aux bénéficiaires et aux autres opérateurs du secteur. Le deuxième séminaire pour les pays arabes est prévu au Caire en juillet prochain mais au profit des opérateurs arabophones.

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Expériences



LA formation sur la microfinance a permis notamment l’échange d’expériences en matière de microcrédit dans les pays du Maghreb. A ce propos, Ria Rodriguez, chargée de programme, constate une nette différence entre le statut juridique prévu en Mauritanie et celui appliqué dans les 3 autres pays. Au sein de ces derniers, elle a relevé un rôle de l’Etat renforcé en Algérie et en Tunisie. Dans ces pays, des subventions publiques sont mobilisées pour la promotion du secteur de la microfinance. Et au Maroc, en dépit du peu de soutien étatique, le secteur a connu un essor durant la dernière décennie. Plus d’un million de clients ont bénéficié des prestations de près de 12 associations agrées, dont 66 % de femmes. L’encours des prêts a atteint environ 3,5 milliards de DH (cf.www.leconomiste.com).

Nour Eddine EL AISSI