vendredi, septembre 18, 2009

La crise provoque une baisse mondiale des investissements étrangers

La crise provoque une baisse mondiale des investissements étrangers
LE MONDE 18.09.09

En 2008, les entreprises ont globalement donné un sérieux coup de frein à leurs investissements à l'étranger. "Après une hausse ininterrompue des investissements directs étrangers (IDE) de 2003 à 2007, ceux-ci ont chuté de 14 % à 1 697 milliards de dollars [1 157 milliards d'euros] en 2008" selon le Rapport sur l'investissement dans le monde 2009, publié jeudi 17 septembre par la Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced).

Cette baisse, encore modérée en 2008, en raison d'un premier semestre, épargné par la crise, devrait toutefois s'accentuer en 2009, avec une nouvelle décroissance de 29% des IDE, estiment les experts de la Cnuced. Ils s'attendent à un début de reprise en 2010. Mais il faudra attendre 2011 pour retrouver sensiblement les mêmes montants qu'en 2008.

La chute est particulièrement sensible dans les pays développés. En revanche, les IDE ont augmenté dans les pays en développement en 2008, mais ont fini par chuter à leur tour en 2009.Ces évolutions contrastées dans les différentes régions du monde, témoignent d'un véritable "basculement" estime Fabrice Hatem, senior economist à la Cnuced. Les investissements vers les pays en développement représentent 43 % des flux d'IDE dans le monde en 2008, soit une proportion deux fois plus importante qu'au début de la décennie.

Paradoxalement, tandis que les Etats-Unis ont été particulièrement affectés par la crise, les IDE y ont continué d'augmenter en 2008. Ce pays reste celui qui recueille le plus d'investissements étrangers en 2008, la France est en deuxième position (malgré une baisse de 26 %), devant la Chine, suivie du Royaume-Uni et de la Russie.Plusieurs raisons expliquent la bonne performance américaine. La principale étant que ce pays a été le siège de quelques grosses opérations de fusions-acquisitions en 2008. Avec en particulier l'achat du brasseur Anheuser-Busch par le belge InBev pour plus de 52 milliards de dollars, soit le sixième des IDE vers les Etats-Unis en 2008. En outre, il semble que les filiales américaines de multinationales, aient appelé à la rescousse leurs maisons mères (européennes ou asiatiques) pour soulager leur trésorerie. Cela a aussi contribué à gonfler les flux vers les Etats-Unis.Compte tenu de ces phénomènes, les IDE demeurent-ils un bon indicateur pour juger de l'attractivité d'un pays, et de sa santé économique ? Certes un investissement "ex-nihilo" (pour installer de nouveaux équipements, par exemple) est un indicateur positif. Il est un facteur de croissance, potentiellement créateur d'emplois. Mais, à l'inverse, certains prêts intragroupes témoignent de la dégradation économique du pays vers lesquels ils sont dirigés. Par ailleurs, lorsqu'une société est acquise par une autre, son siège social et donc son centre de décision, quitte le territoire, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur l'emploi par exemple.


Pour M. Hatem, les IDE restent, néanmoins, un indicateur d'attractivité. Les conséquences positives l'emportent, estime-t-il. "Fondamentalement, la croissance des IDE dans un pays est fortement corrélée à sa dynamique de développement" assure t-il. Les avances en trésorerie, par exemple, ne peuvent être que passagères. Un investissement, voir une filiale, finissent par être arrêtés s'ils ne sont pas rentables. La place de la France, en seconde position, est donc une performance encourageante.