lundi, avril 25, 2005

L'autre volet du financement du développement : l'économie parallèle

“Un Algérien sur trois travaille au noir” Par Rabhi Meziane


Un Algérien actif sur trois travaille dans l’informel.
La reprise de la croissance observée depuis 2001 et confirmée en 2002 et 2003 s’est poursuivie en 2004 à un rythme élevé, affirme le délégué à la planification invité hier au forum du quotidien El Moudjahid. Ces “bonnes” performances, juge M. Brahim Ghanem, “sont d’autant appréciables qu’elles ont été obtenues dans un contexte d’approfondissement et d’élargissement des réformes”.

Le délégué à la planification précise que “ce taux de croissance a été soutenu par une évolution favorable des facteurs exogènes”, notamment les prix des hydrocarbures et les conditions climatiques. Les prix à l’exportation du baril de Sahara Blend ont été de 38,48 dollars en moyenne en 2004. Pour autant ces performances, souligne M. Brahim Ghanem, cachent des situations préoccupantes et qui devraient interpeller les pouvoirs publics.


Recul du salariat

Un recul de la part du salariat de 65% en 2003 à 60% en 2004, une augmentation des indépendants où prédomine l’informel (23% en 2003 et 32% en 2004), une augmentation plus rapide des emplois temporaires (+18% par rapport à 2003, contre +3 pour les emplois permanents), ce sont autant de caractéristiques de l’évolution de l’emploi relevées par le délégué à la planification M. Brahim Ghanem. Décodé : l’emploi en Algérie se précarise de plus en plus.

S’appuyant sur une enquête sur l’emploi et le chômage de l’ONS réalisée en septembre 2004 auprès d’un échantillon d’un peu plus de 13 000 ménages, M. Brahim Ghanem souligne que sur une population de 32,3 millions de personnes, la population active est estimée à 9,47 millions. 7,80 millions sont occupées. 1,67 million sont des chômeurs localisés à près de 60% en milieu urbain, dont 18% sont des femmes. Par secteur d’activité, le commerce, les services et l’administration se taillent la part du lion avec 53,5% de la population occupée. L’industrie n’occupe que 13,6%, l’agriculture 20% et le BTP 12,4%. Les employeurs indépendants représentent 32% de la population occupée, les salariés permanents 37%, les salariés non permanents et autres apprentis 23% et, enfin, les aides familiales 8%. Le délégué à la planification souligne l’évolution positive du revenu des ménages conséquemment à la croissance économique soutenue pour la troisième année consécutive et les décisions prises en matière salariale, notamment lors de la tripartite 2003. Ce revenu, souligne-t-il, a augmenté de 14% en 2004.

M. Brahim Ghanem évoque l’évolution de la rémunération salariale de 9%, la progression plus rapide du revenu des indépendants à un taux de 13% et, enfin, une augmentation significative des transferts monétaires de 24%.

Une croissance de 5,2% en 2004

En termes réels, le produit intérieur brut a augmenté de 5,2%, affirme le délégué à la planification M. Brahim Ghanem. Cette croissance, explique-t-il, a été tirée par une forte demande, notamment en équipements publics. Elle a été, dit-il, le fait des services pour 32%, du secteur des hydrocarbures pour 23%, des BTP pour 13%, de l’agriculture pour 6% et, enfin, de l’industrie pour 3%.

Par secteur, l’important plan de charge et la bonne disponibilité de matériaux de construction ont permis au BTP d’améliorer ses performances en enregistrant un rythme d’augmentation de sa production de 8% en 2004, contre 5,5% en 2003. Le secteur a enregistré en 2004 une croissance de 7,7% tirée principalement par le commerce en relation avec une très forte augmentation des importations de marchandises, des services aux entreprises et des services de communication stimulés par l’ouverture du secteur.

L’agriculture a évolué positivement avec une croissance de 3,1% en 2004. L’industrie enregistre une modeste croissance de 2,6%. Le secteur des hydrocarbures a évolué positivement lui aussi, mais à un rythme relativement moins important que celui de l’année 2003. La croissance en volume est de 3,3%, contre 8,8% en 2003. M. Brahim Ghanem souligne que la croissance par habitant a été sur la période 1999 à 2004 supérieure à 2% par an. Avec un taux de change moyen de 72,07 dinars pour un dollar, le produit intérieur brut 2004 s’est élevé à près de 85 milliards de dollars. Cela donne un PIB par habitant de 2 625 dollars, soit 1,75 fois le niveau du PIB par habitant de 1995.

La hausse des prix contenue à 3,6%

L’indice des prix à la consommation a, en moyenne annuelle, augmenté de 3,6% par rapport à 2003, soit un point de plus qu’en 2003 (2,6%). L’inflation est restée maîtrisée, “et cela est d’autant plus à souligner que des craintes de reprise de hausse des prix avaient été suscitées par la forte impulsion budgétaire opérée pour soutenir la croissance, par le relèvement du SNMG en 2003 et par les augmentations de salaires au profit de plusieurs catégories de fonctionnaire”, explique M. Brahim Ghanem. Le délégué à la planification souligne que la consommation finale des ménages a été d’environ 2 350 milliards de dinars en augmentation de 6%. L’épargne intérieure, de l’avis de M. Ghanem, reste très importante et s’établit à environ 2 870 milliards de dinars. Elle représente 47% du PIB. La grande part de l’investissement, selon le délégué à la planification, reste le fait de l’État et du secteur des hydrocarbures.
L’investissement de l’entreprise est globalement modeste, alors que les intentions d’investir enregistrées au niveau de l’ANDI, en grande majorité non encore concrétisées, totalisent en 2004 plus de 386 milliards de dinars.

Avec un prix du baril de 22 dollars, poursuite de l’embellie financière

Le délégué à la planification s’est montré optimiste sur les perspectives d’évolution à moyen terme de l’économie algérienne. Les questions de financement interne et externe de l’économie ne se posent plus avec l’acuité qui était la leur en 1998 et 1999.

Les travaux de prévision effectués au niveau des services de planification conduisent de manière cohérente et avec des niveaux d’inflation maîtrisés à des rythmes annuels moyens de croissance de 4 à 5% dans l’agriculture, 5% dans le secteur hydrocarbures et de 6 à 7% dans les autres secteurs, industrie et services.
M. Brahim Ghanem soutient que ces travaux montraient que même avec un prix de 22 dollars le baril, la viabilité de la position financière extérieure continuera de se renforcer avec, en outre, une prise en charge quasi totale de la question de l’endettement extérieur.