jeudi, mars 31, 2005

Paul Wolfowitz devient le nouveau président de la Banque mondiale

'Américain Paul Wolfowitz a été confirmé, jeudi soir 31 mars, au poste de président de la Banque mondiale, à l'unanimité des administrateurs de l'institution, selon un communiqué de la Banque. "Le conseil d'administration de la Banque mondiale a confirmé aujourd'hui à l'unanimité la nomination de Paul Wolfowitz comme président de la Banque mondiale", indique le texte du communiqué.

Paul Wolfowitz, 61 ans, l'un des principaux artisans de la guerre en Irak et jusque là numéro deux du Pentagone, a remercié les administrateurs pour la confiance qu'ils lui accordent, dans une longue déclaration publiée par la Banque. Il a notamment rappelé qu'il croyait "profondément en la mission" d'aider à réduire la pauvreté dans le monde.

LA CRAINTE DE CERTAINES ONG
Le nouveau président doit prendre ses fonctions le 1er juin, après le départ à la retraite de James Wolfensohn qui aura tenu les rênes de l'institution pendant 10 ans.


La candidature de M.Wolfowitz avait provoqué une vague de critiques, mais aucun pays membre de la banque ne s'est formellement opposé à lui, en particulier les Européens.

Pendant la journée, devant l'immeuble principal de la Banque mondiale à Washington, une dizaine de personnes s'étaient rassemblées pour dénoncer ce qu'ils appellaient ironiquement "la course avec un seul cheval". Le faible nombre de manifestants reflètait mal la levée de boucliers provoquée par la candidature de M.Wolfowitz, en particulier de la part des organisations non-gouvernementales (ONG) qui s'occupent du développement et de la lutte contre la pauvreté.

Parmi les principaux reproches faits au candidat figurent son rôle joué dans la guerre en Irak, mais aussi son manque d'expérience en matière de lutte contre la pauvreté ou d'aide au développement. Les ONG craignent aussi que M. Wolfowitz ne transforme la Banque en instrument au service de la stratégie de l'aide au développement favorisée par le président Bush.

Paul Wolfowitz "est un idéologue ayant amplement démontré qu'il est motivé par une vision de la domination américaine. Il a aussi donné la preuve de son incompétence en termes d'action stratégique" notamment en Irak, accuse Soren Ambrose, responsable de l'ONG "50 years is enough", pour une réforme des institutions multilatérales.

D'autres laissent pour le moment le bénéfice du doute au néo-conservateur. Malgré une offensive médiatique éclair depuis la mi-mars, il n'a guère donné de détails sur ce qu'il comptait faire une fois nommé à la tête d'une institution qui l'année dernière a dépensé 20 milliards de dollars dans des projets d'aide au développement.


"J'ENTENDS AVOIR UNE ÉQUIPE MULTINATIONALE"
"On le verra à l'oeuvre", a souligné un haut responsable européen à Washington, en rappelant que M. Wolfowitz avait pour lui "son intelligence et sa capacité d'écoute".

Conscient de sa réputation sulfureuse, il a dit et répété qu'il ne serait pas la "taupe" de Washington à la Banque.

"J'entends avoir une équipe dirigeante véritablement multinationale", a-t-il affirmé aux Européens, lors d'un déplacement à Bruxelles, mercredi 30 mars, mais sans promettre de prendre l'un des leurs à ses côtés.

Aux administrateurs représentant les pays pauvres de la Banque, M. Wolfowitz a réaffirmé que "la réduction de la pauvreté et le développement économique sont les principales tâches de la Banque" et il a promis "qu'il n'essaiera pas de poursuivre des objectifs politiques". Paul Wolfowitz avait aussi mis en avant son expérience d'un pays en développement. Il a passé trois ans en Indonésie comme ambassadeur des Etats-Unis.


Après sa désignation, M. Wolfowitz a indiqué avoir "une nouvelle appréciation pour le besoin urgent d'allègement de la dette, pour l'infrastructure et l'intégration régionale si nous voulons réduire la pauvreté".

Il a également indiqué qu'on lui avait suggéré au sein de la Banque de "revoir le bon équilibre entre les dons et les prêts" octroyés par l'institution. Il se trouve que la Maison Blanche fait campagne depuis plusieurs mois en faveur de l'octroi de dons aux pays endettés plutôt que de prêts ou crédits, mais est restée vague sur les critères de bonne gouvernance qu'elle veut lier à l'octroi de ces dons.