mardi, novembre 29, 2005

Financement pour les ruraux pauvres

par Calvin MillerFonctionnaire principal, Financements rurauxDépartement de l'agriculture de la FAO


Dans le monde en développement, les pauvres des zones rurales se comptent par millions, non pas parce qu'ils sont incapables de gérer leurs avoirs, mais tout simplement parce qu'ils n'en ont guère. Si les études montrent que les micro-entrepreneurs ruraux obtiennent des rendements élevés du capital qu'ils investissent, le problème est qu'ils n'ont pas accès à des fonds suffisants, ce qui veut dire que leur rémunération globale demeure faible, perpétuant ainsi le cycle de la pauvreté.
Un objectif fondamental du financement rural est de fournir à ces populations les fonds et les services financiers nécessaires pour multiplier leurs revenus et se fabriquer un avenir plus prospère. L'Année internationale du micro-crédit proclamée par l'ONU en 2005 a ouvert un dialogue entre les institutions de financement, les banques de développement, les gouvernements et les donateurs sur le rôle et le potentiel de la finance rurale - ce qu'elle peut accomplir, à qui la destiner et pourquoi elle n'est pas encore venue en aide à de nombreux ruraux pauvres.
Nouvel horizon. Autrefois, "la finance rurale" et le "crédit agricole" étaient employés indistinctement. Aujourd'hui, l'horizon s'est élargi: la réduction de la pauvreté rurale passe par l'investissement dans tous les aspects du développement rural, et non seulement de l'agriculture. Les activités dans les zones rurales engendrent des incitations économiques pour améliorer les infrastructures, ce qui relance la compétitivité de la production. Mais le développement ne peut avoir lieu que lorsqu'une zone rurale est à même d'attirer et de soutenir l'investissement rural, dans un environnement favorable, avec des produits et des services financiers adaptés, et des recettes attrayantes.
Les efforts déployés pour rendre les services financiers accessibles aux ménages ruraux pauvres doivent surmonter plusieurs problèmes critiques. Tout d'abord, les revenus ruraux sont fortement exposés aux risques systémiques, comme le mauvais temps et les maladies, et aux fluctuations cycliques et saisonnières des prix des denrées agricoles. Toute perte de revenu escompté a un impact considérable, et réduit la capacité d'épargne et d'emprunt.
Pour les fournisseurs de services financiers, le secteur rural est particulièrement à risque. La rentabilité de l'investissement est faible et les marges de profit sont souvent très basses. Les coûts d'exploitation sont élevés dans les zones reculées et, comme les garanties sont rarement disponibles, les prêteurs courent de plus grands risques. Le bas niveau de compétences réduit la capacité d'adoption de nouvelles technologies, ce qui affecte aussi bien la productivité que la compétitivité sur le marché. L'exclusion sociale limite également l'efficacité de la production et de la commercialisation.
Micro-crédit 2005
L'Année internationale du micro-crédit proclamée par l'ONU en 2005 oeuvre en faveur d'un micro-financement viable dans le monde entier. Elle souligne la contribution du micro-crédit et de la micro-finance à l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement, la nécessité d'un secteur financier intégrant qui aide les populations à améliorer leurs conditions d'existence, et le potentiel souvent inexploité de l'esprit d'entreprise des communautés du monde entier. Actuellement, avec des prêts ne serait-ce que de 100 dollars, les micro-entrepreneurs créent des affaires prospères et font vivre leurs familles, ce qui porte à des économies locales solides et florissantes. Plus sur le site de l'Année du microcrédit 2005...

Enfin, des obstacles politiques et réglementaires se dressent, depuis l'ingérence politique et sociale- les prêts peuvent être annulés, l'épargne retenue, les taux d'intérêt plafonnés, les remboursements suspendus par décret- au régime foncier, aux lois du système bancaire, à la manipulation du taux de change et aux réglementations fiscales qui perturbent ou entravent la viabilité des affaires et des opérations financières dans les zones rurales.
En dépit de ces contraintes, les institutions de micro-finance ont introduit des innovations - principalement dans les zones urbaines, mais aussi en milieu rural- qui concrétisent les potentiels de la micro-finance dans de nombreux pays. De petits prêts afin de constituet un fonds de roulement destinés au petit commerce, à la production artisanale et aux micro-entreprises constituent une part de plus en plus importante des portefeuilles des institutions de micro-finance, tandis que les produits d'épargne rurale répondent à un besoin important. La micro-finance a servi à reconnaître la multiplicité des besoins financiers des ménages - non seulement pour le crédit à la production, mais aussi pour couvrir les frais de scolarité, les dépenses sanitaires et le logement, et pour les services comme les envois de fonds, les points d'épargne accessibles et l'assurance.
La micro-finance a souvent fait fonction de précurseur dans les questions d'équité sociale, ethnique et entre les sexes, qui gardent les familles ancrées dans la pauvreté. Dans les pays où prédomine l'agriculture de subsistance, améliorer l'accès des femmes à la finance rurale a favorisé leur autonomisation, l'égalité et les conditions d'existence pour ces femmes et leurs familles.
Une vision pour l'avenir. Le rôle de la finance rurale dans la réduction de la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement signifie qu'elle demeurera au premier rang des priorités pour les gouvernements, les donateurs et, bien entendu, les ménages ruraux. Sur la base des estimations actuelles, nous prévoyons d'importants changements dans la fourniture de produits et services au cours de la prochaine décennie.
Dans les pays où la micro-finance et ses institutions opèrent de longue date, on assistera à un remembrement du secteur et à une tendance marquée vers une série complète de services: les produits individuels de prêt et les services des banques agricoles réservés au crédit seront remplacés par des possibilités d'épargne, des envois de fonds et des assurances. Vu l'insuffisance des pourvoyeurs pouvant offrir une palette efficace de services, les institutions devront contacter des sociétés spécialisées (pour l'assurance, le leasing, le capital-risque, etc.) et des organisations spécialisées comme les ONG et les groupes d'auto-assistance qui facilitent leur diffusion dans les zones rurales. Pour une utilisation efficace des services financiers, il faudra en outre resserrer les liens avec la formation, la technologie, la commercialisation et les services aux entreprises.
Le capital des donateurs destiné aux prêts deviendra relativement insignifiant. Les institutions de micro-finance seront financées en grande partie par l'épargne des clients, les fonds d'investissement, les titres et les obligations gagnant également du terrain. La finance subventionnée disparaîtra pratiquement. L'intégration verticale accrue de la production et de la commercialisation, associée à des systèmes d'information perfectionnés et à une meilleure réglementation, se traduiront par une plus grande intégration et compréhension des financements liés au commerce. Le recours à l'agriculture contractuelle, au crédit sur les stocks, aux contrats à terme et au crédit-bail devrait s'intensifier. La gestion des risques demeurera une question centrale, mais elle s'améliorera aussi, grâce à la diversification des portefeuilles et de la clientèle, et à une meilleure analyse et collecte d'informations. L'utilisation de produits d'assurance rendra les risques systémiques et uniques de la finance rurale moins aléatoires.

Finance rurale en ligne
Avec le FIDA, GTZ et la Banque mondiale, la FAO a lancé un Centre d'apprentissage de finance rurale en ligne. Le site contient une base de ressources classées par thèmes, des cours en ligne et des manuels pour les programmes de formation. Les utilisateurs peuvent suggérer de nouvelles ressources, prendre part aux discussions et en savoir plus sur les possibilités de formation et les manifestations portant sur la finance rurale. L'accent est mis sur le partage d'expériences et l'information sur les innovations pertinentes. Visiter le Centre...
Que signifieront ces changements pour les principaux acteurs du financement rural d'aujourd'hui? Les banques de développement agricole et rural axées sur le crédit sont en baisse persistante, bien qu'elles continuent à jouer un rôle important dans certains pays. De nombreuses ONG cesseront d'avoir un rôle direct dans l'octroi de financements ruraux et se concentreront en revanche sur le renforcement des capacités et les questions sociales. Pour les donateurs, il s'agit d'une réorientation de l'octroi d'emprunts vers l'élaboration d'un système financier rural et un renforcement des capacités. La participation du gouvernement aux financements ruraux diminuera mais son rôle de réglementation et de supervision s'intensifiera au fur et à mesure de l'évolution du secteur. Le résultat final pour les clients, y compris les ruraux pauvres, sera un meilleur accès à toute une panoplie de services financiers et complémentaires, à un coût plus abordable.
Clients "bancables". L'Année du micro-crédit a aidé à dissiper la notion que les pauvres ont un comportement "irresponsable avec l'argent". Au contraire, elle a confirmé que non seulement ce sont des clients dits "bancables", mais un marché financier très important et largement inexploité. En dépit de leur manque de sources traditionnelles de nantissement, les micro-entrepreneurs démontrent que la "pression du groupe", ainsi que l'intérêt personnel en une source durable de fonds, suffisent généralement à garantir des taux de remboursement très élevés.
La FAO et d'autres partenaires de développement soutiennent les organisations rurales et de micro-finance souhaitant avoir voix au chapitre en matière de réduction de la pauvreté, de croissance économique et d'autonomisation sociale. De tels partenariats requièrent de la transparence et une responsabilité financière, une normalisation des méthodes de rapports et un partage des leçons tirées. L'avenir s'annonce plein d'espoir - la finance rurale et les autres outils qui peuvent faire la différence existent et font l'objet d'améliorations constantes. Ensemble, nous pouvons transformer cette vision en réalité.


Voir aussi en Focus:

Agro-industrie et petits producteurs et L'agriculture sous contrat en Asie
En savoir plus sur les programmes de la FAO sur la Finance rurale

Publié en novembre 2005

vendredi, novembre 18, 2005

Coopération Sud/Sud : Mythe ou réalité ?

Table Ronde de Haut Niveau en matière de partenariat dans le domaine des TIC

Panel du 15 novembre 2005 de 09H00 à 11H00 :


1. Objectif et enjeux :

L’objectif de ce panel était d’explorer les défis et les opportunités d’accélération du développement pouvant exister dans la coopération Sud/Sud dans le secteur privé des TIC, et particulièrement entre les pays émergents et les pays en voie de développement.

En lançant les discussions, le modérateur du Panel, M. Moez Limayem, Professeur à HEC Lausanne, a expliqué que la coopération Sud/Sud était importante, possible et nécessaire. En effet, la coopération Sud/Sud permet aux pays émergents de répondre à l’excédent de capacités et de compétences en TIC qui les caractérise aujourd’hui. Elle permet également d’accélérer le développement du marché mondial des TIC en élargissant ses frontières et elle joue un rôle primordial dans la réduction de la fracture numérique dans le monde.

La coopération Sud/Sud, selon M. Limayem, n’est cependant pas suffisante pour réaliser ces objectifs. Elle nécessite pour cela la création de réseaux de synergies entre les secteurs privés et les sociétés des différents pays émergents pouvant être réalisés notamment grâce aux TIC. Elle requiert également la mise en place de guidelines pour permettre aux sociétés du Sud de pouvoir concourir avec des chances de gagner, du moins durant une phase transitoire afin accéder aux marchés financés par les organismes internationaux. La clé de l’émergence de ces sociétés du Sud et leur accès à des marchés extérieurs réside dans leur spécialisation. Seule une «approche focused » leur conférera un avantage compétitif.

2. Idées forces des intervenants :

Présentant l’expérience tunisienne en matière de coopération Sud/Sud, M. El Haj Gley, Président de la Poste Tunisienne, a montré que cette coopération pouvait être possible et fructueuse. Il a ainsi évoqué plusieurs exemples de réussites de transferts de technologies développées en Tunisie grâce à un partenariat public/privé, vers des pays du Sud (e-learning, e-banking, télécompensation bancaire, signature électronique, payements électroniques, …). Saisir les opportunités qu’offre la coopération Sud/Sud nécessite de relever cinq défis que M. Gley appelle les « 5 C » : Connexion (à internet, aux PC, aux nouvelles voies de la technologie), Capacités (environnement des TIC, cadre légal et infrastructure renforcés), Contenu (applications, process et services informatiques développés), Capital (accès aux ressources financières pour l’infrastructure des TIC) et Coopération (partenariats, coopération triangulaire).

M. Samy Achour, Président de Integration Objects, a pour sa part défendu l’idée qu’une coopération exclusivement Sud/Sud n’est pas possible. Il privilégie plutôt une coopération triangulaire Nord/pays émergents/pays en développement qui, seule, pourrait réduire la fracture numérique. Ce modèle de coopération a l’avantage selon lui de permettre à chacun de prendre chez l’autre ce qui lui manque. Les pays émergents ont réussi à développer des capacités en TIC et les pays en développement peuvent profiter de leur expérience et compétences, d’autant plus qu’ils en sont plus proches géographiquement et économiquement. Les pays développés, plus connus comme pays donateurs ayant accès à des ressources financières à moindre coût, peuvent travailler en équipe avec les pays émergents, réduire leurs coûts et élargir leur marché. On réduirait ainsi la fracture numérique.

Pour stimuler le secteur privé des TIC, la Banque Mondiale par la voix de son représentant M. Carlo Rossotto, défend trois facteurs. D’abord, il faut favoriser la concurrence car l’introduction de nouveaux opérateurs privés dans le secteur des TIC permet d’accélérer le développement, d’améliorer les performances et d’accroître la coopération Nord/Sud et Sud/Sud. Ensuite, il s’agit de développer les relations secteur public/secteur privé à travers notamment l’externalisation de certains services gouvernementaux au secteur privé. Par ailleurs, la déréglementation du secteur des TIC devrait être régulée uniquement par le développement des nouvelles technologies. Le rôle des Etats devrait être celui de créateur d’opportunités de partenariats entre les opérateurs privés. Enfin, la politique d’approvisionnement en biens et services des marchés publics financés par la Banque Mondiale et autres organismes internationaux doit éviter les quotas alloués au secteur privé local mais privilégier plutôt les incitations au partenariat Nord/Sud.

Le dernier paneliste a présenté un exemple de réussite de coopération Nord/Sud dans les TIC. A travers sa société, Bristol Babcok, M. David Rushforth, a développé un partenariat fructueux avec une société informatique tunisienne privée. Ce partenariat a réussi selon lui grâce à la disponibilité des compétences tunisiennes (système éducatif et connaissances technologiques de qualité), à l’existence d’un risque pays limité et à la mise en place d’une formation et de mécanismes de coopération adaptés aux deux partenaires. Ce partenariat a ainsi permis de réussir non seulement une coopération Nord/Sud mais d’arriver également à une coopération Sud/Sud par la suite.

3. Points d’accords et sujets de débat

Les échanges qui ont suivi ces présentations ont dégagé certains accords et certains points de divergence de la part des intervenants. Les accords ont concerné l’importance de la coopération Sud/Sud et le potentiel des pays émergents dans le domaine des TIC, potentiel devant cependant être canalisé et mis en valeur pour être plus visible et mis à la disposition des pays en développement. Les différences de points de vue se sont, quant à eux, exprimé sur les points suivants :
- pour certains, il n’y a pas de véritable coopération Sud/Sud sans que le Nord y joue un rôle
- pour d’autres, il est nécessaire d’équilibrer cette coopération Nord/Sud
- enfin certains protagonistes appèlent les institutions internationales et les bailleurs de fonds à établir des quotas en matière de marchés publics au bénéfice d’opérateurs privés locaux alors que d’autres estiment que cela aurait des effets pervers et préconisent plutôt des approches incitatives et la constitution de partenariats et de consortiums Nord/Sud.

4. Axes de progrès

Il ressort de l’ensemble des échanges qu’il n’y a pas lieu d’opposer la coopération Sud/Sud avec la coopération Nord/Sud mais plutôt de les concevoir conjointement, voire de les ajouter (Sud/Sud et Nord/Sud non pas Sud/Sud ou Nord/Sud).

Les recommandations du panel pour dynamiser cette coopération privilégient trois axes :
- la constitution de réseaux régionaux favorisant le partage d’expériences et la mise en commun d’expertises pour remporter des marchés importants et ce, en utilisant au mieux les TIC
- la promotion d’une conception triangulaire de la coopération intégrant les pays émergents, les pays en voie de développement et le Nord. Il s’agirait d’agir « autrement » en favorisant une approche où tous les intervenants seraient gagnants in fine ( win-win-win).
- Enfin, il est demandé aux bailleurs de fonds internationaux, au-delà du simple financement, d’apporter un soutien aux initiatives de coopération triangulaire en vue de renforcer, pour les opérateurs locaux, les possibilités d’accéder aux marchés importants. Ce sont ces organismes internationaux qui peuvent et qui doivent jouer un rôle de faciliteur de coopération Sud/Sud mais aussi Nord/Sud en privilégiant les vrais schémas de synergies.

En conclusion, la coopération Sud/Sud s’avère possible, nécessaire mais pas suffisante. Pour qu’elle s’incarne véritablement, il appartient au Sud de se prendre en charge en détectant les potentiels dans son périmètre et en favorisant la constitution de réseaux et de coopérations. C’est un processus « step by step » qui est préconisé à travers, en premier lieu, des expériences régionales et ciblées. Les acteurs, plutôt que de se perdre à aller dans toutes les directions, devront choisir des terrains de spécialisation à forte valeur ajoutée. Est-ce le « customer relationship », ou les bases de données ou d’autres technologies encore ? Ces zones de synergies Sud ne pourront que s’enrichir et se renforcer à travers des coopérations avec le Nord, à condition que ce soit à travers des schémas de vrais partenariats triangulaires « win-win-win ». Aux institutions internationales de créer de meilleures conditions pour que ces coopérations émergent en faisant évoluer leurs politiques de procurement et en instituant des guidelines qui incitent au partenariat.

jeudi, novembre 17, 2005

Micro-finance, principaux problèmes

Inter Press Service (Johannesburg)
By Joyce Mulama
Nairobi

La capacité du micro-crédit à sortir les gens de l'indigence a été célébrée dans le monde entier durant 2005, décrétée 'Année internationale du micro-crédit" par les Nations Unies. Au Kenya, toutefois, le concept de micro-crédit risque de perdre son éclat.

Ceci fait suite aux préoccupations relatives à un certain nombre d'institutions s'attribuant le nom de micro-finance, qui ont poussé comme des champignons partout dans le pays ces dernières années, et qui semblent plus résolues à exploiter leurs clients qu'à les aider à travailler pour sortir de la pauvreté.

"Nous organisons des conférences de presse, en mettant l'accent sur nos préoccupations relatives à la prolifération de fausses institutions de micro-finance, et nous publions également des annonces dans la presse informant les gens sur les éléments auxquels il faut faire attention lorsqu'on cherche un micro-crédit", a déclaré Kimanthi Mutua, président de l'Association des institutions de micro-finance (AMFI). L'AMFI tient lieu d'organisation chapeautant 23 des quelque 50 groupes de micro-finance qui opèrent au Kenya.

Toutefois, très peu de mesures régissent le secteur en général : un bureau, un capital de démarrage et une autorisation du conseil municipal permettant à n'importe qui de gérer une entreprise de prêt constituent tout ce qu'il faut. Avec ces choses en main, diverses organisations se sont établies sous la bannière de la micro-finance, mais fonctionnaient plutôt comme des banques, prenant des cautions autres que celles autorisées pour les remboursements de micro-crédit.

La Loi sur les banques empêche toute institution non autorisée conformément à la loi de solliciter ou d'accepter des cautions.

'Kenya Akiba Micro Finance' était l'un des coupables, ayant pris des cautions de près de 7.000 dollars à certains de ses clients.

Certaines cautions auraient été prises sous la condition que Kenya Akiba achèterait des minibus aux clients qui désiraient entrer dans les affaires de taxis. Cependant, les minibus n'ont jamais été livrés, ou ont été saisis. Une autre cliente aurait décrit comment elle a payé une caution pour garantir un prêt qui n'a jamais été octroyé -- alors qu'il lui était impossible de retirer sa caution.

Au début de ce mois, la Banque centrale du Kenya a fermé les bureaux de l'organisation comme une partie des mesures de répression contre des institutions financières douteuses. L'initiative faisait suite à une campagne de publicité de la banque, mettant en garde des groupes non autorisés conformément à la loi sur les banques contre l'utilisation du mot "finance" ou ses dérivés, comme "micro-finance", dans le nom de leurs sociétés pour solliciter des cautions du public.

La fermeture a très peu réconforté des clients angoissés de Kenya Akiba, qui essaient maintenant de rencontrer le président Mwai Kibaki pour qu'il intervienne dans l'affaire, et s'arrange pour que leurs cautions leur soient retournées. L'AMFI considère également la fermeture comme étant trop peu, trop tard. "Même si l'Etat est intervenu pour agir maintenant par l'intermédiaire de la CBK (Central Bank of Kenya), il n'a pas pris de mesures au bon moment", a dit Mutua à IPS.

Un projet de loi sur la micro-finance a été proposé en 2002, mais doit encore recevoir le feu vert du gouvernement et du parlement. "Le fossé laissé par l'inexistence d'une loi sur la micro-finance a créé une ouverture permettant aux charlatans d'opérer. Si une telle loi était en place, l'incident de Akiba ne serait pas survenu", a déclaré Mutua.

Malgré les événements malheureux entourant Kenya Akiba, les passionnés du micro-crédit affirment qu'il fournit un service précieux aux plus pauvres parmi les pauvres, qui peuvent se retrouver exclus des systèmes bancaires conventionnels.

Les banques traditionnelles demandent généralement un nantissement avant d'accorder des prêts, quelque chose auquel les pauvres ont rarement accès.

Toutefois, les plans de micro-crédit peuvent permettre l'octroi de petits montants sans un nantissement conventionnel, comme une propriété. Plusieurs personnes peuvent, plutôt, servir de forme de nantissement alternatif dans des cas où le prêt est octroyé à un groupe. Si un membre du groupe manque à ses engagements par rapport à leur part du remboursement, les autres se portent volontaires pour le remplacer -- et tentent également de prévenir une cessation de paiements à travers des pressions exercées sur les membres du groupe.

"J'ai, par l'intermédiaire de notre groupe de dix femmes, obtenu des prêts auprès de ces sociétés, qui m'ont beaucoup aidée", affirme Njeri Kama, qui a bénéficié d'un micro-crédit. "Depuis cinq ans, je demande des prêts et je les rembourse scrupuleusement. J'ai pu construire un bâtiment de trois étages, que j'ai mis en location à Nairobi. Ceci est devenu maintenant ma source de revenus". Mutua estime que des groupes de micro-finance aident environ deux millions de personnes sur les 30 millions d'habitants que compte la population du Kenya. Plus de la moitié des citoyens dans ce pays d'Afrique de l'est vit avec moins d'un dollar par jour, selon des statistiques gouvernementales.

mardi, novembre 01, 2005

Ouvrage : The Future of Development Financing: Challenges and Strategic Choices

Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) présente la publication The Future of Development Financing: Challenges and Strategic Choices. Francisco Sagasti, un des auteurs du livre et membre du Conseil des gouverneurs du CRDI, viendra exposer son analyse des lacunes du système actuel de financement du développement international en exposant quelques idées porteuses en vue de sa réforme.

Plus de 50 ans après l’émergence du développement international en tant que domaine d’action à part entière, les auteurs de l’ouvrage – Francisco Sagasti, Keith Bezanson, ancien président du CRDI, et Fernando Prada – font valoir que le système de financement du développement international est un rassemblement d’entités disjointes plutôt qu’un véritable système. Oeuvrant souvent à contre-courant, ces institutions et organismes se révèlent inaptes à mobiliser les fonds nécessaires pour venir à bout de la pauvreté et élever les niveaux de vie dans le monde en développement.

Les communications mondiales, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les attaques du 11 septembre et les débats sur des enjeux cruciaux comme le changement climatique et les pandémies sont des réalités qui, toutes, concourent à créer les « conditions propices » à la réforme de la charpente du développement international. Partant de quatre scénarios, M. Sagasti évoquera les propositions formulées dans le livre en vue de choix stratégiques et du changement.

M. Francisco Sagasti, PhD, est directeur d’Agenda Pérou, un groupe de réflexion situé à Lima, et professeur invité à l’Université pour la paix au Costa Rica. Il a été chef du Bureau de planification stratégique à la Banque mondiale, président du Comité consultatif des Nations Unies sur la science et la technologie et professeur invité à la Wharton School de l’Université de la Pennsylvanie. Le professeur Sagasti a publié de nombreux articles et ouvrages sur la politique scientifique et technologique, l’analyse des systèmes, les sciences de la gestion, la recherche prospective et les stratégies de développement.


Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), une société d'État canadienne, est l'un des chefs de file à l'échelle mondiale de la production et de l'application de nouvelles connaissances pour relever les défis du développement international. Depuis plus de 30 ans, le CRDI collabore étroitement avec les chercheurs des pays en développement et les appuie dans leur quête de moyens de créer des sociétés en meilleure santé, plus équitables et plus prospères.

Centre de recherches
pour le développement international
250, rue Albert
Ottawa (Ontario) - Canada